mercredi 2 avril 2014

Dix recommandations politiques pour assurer le développement agricole

Les dépenses publiques des États Africains. Source: IFPRI/

La première déclaration de Maputo signée en 2003 par les 54 Etats membres de l’Union Africaine recommandait aux gouvernements de l’Afrique d’investir au moins 10% de leurs budgets au secteur agricole. Dix ans après, il a été constaté que seuls 8 pays sur les 54 ont atteint ce seuil, comme le démontre le graphique ci-haut.


À l’occasion du Sommet de l’UA de cette année 2014 déclarée "Année de l’Agriculture et dela sécurité alimentaire" par cette organisation, l’ONG ONE.org demande aux dirigeants africains de signer une déclaration d’intention d’investir dans l’agriculture et d’entreprendre des réformes qui aideront à sortir 85 millions de personnes de l’extrême pauvreté d’ici à 2023. Ainsi elle a mis en ligne une pétition qui doit être remise aux chefs d’Etats de l’Afrique lors de ce sommet.  Vous pouvez signer cette pétition ici

Aussi cette organisation à travers sa campagne DO AGRI, L’AGRICULTURE ÇA PAYE, donne dix recommandations politiques pour assurer le développement agricole et ainsi contribuer à relever le niveau de vie des populations de ce continent qui vivent pour la plupart de l’agriculture :

1) Adopter des résolutions assorties de délais pour répondre à l’engagement de Maputo de consacrer au moins10 % des budgets nationaux à des investissements agricoles efficaces, grâce à des budgets transparents et responsables.

2) Gommer les disparités entre les sexes dans l’agriculture.

3) Renforcer la gouvernance des terres et sécuriser les droits fonciers.

4) Réduire les obstacles au commerce intra régional.

5) Augmenter les investissements dans la recherche et développement (R&D) à au moins 1% du PIB agricole et renforcer les services de vulgarisation.

6) Intégrer la durabilité et la résilience au changement climatique dans les plans agricoles nationaux.

7) Faire de la réduction des pertes post-récoltes une priorité dans les plans agricoles nationaux.

8) Intégrer des objectifs nutritionnels dans les stratégies du secteur agricole.

9) Favoriser un environnement propice à l’intégration des petits exploitants agricoles et à des investissements responsables du secteur privé.

10) Accélérer la mise en œuvre des plans agricoles et assurer des résultats favorisant les petits exploitants les plus pauvres.

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lundi 31 mars 2014

Les plus grandes stars de la musique africaine et ONE.org lancent « Cocoa ‘na Chocolate » pour révolutionner l’agriculture

Logo de la Campagne



19 artistes. 11 pays. 10 langues. 1 seul message aux dirigeants africains : Do Agric. L’agriculture, ça paye !

L’organisation non gouvernementale ONE.org  lance aujourd’hui un titre suite à l’une des plus importantes collaborations musicales que le continent ait jamais connue : « Cocoa ‘na chocolate ». Cette collaboration vient soutenir la campagne  DoAgric. L’agriculture, ça paye  qui vise à redynamiser les investissements dans l’agriculture. Dix-neuf stars africaines, dont D’Banj du Nigéria, Fally Ipupa de la  RD Congo, et Tiken Jah Fakoly de la Côte d’Ivoire, Rachid Taha, de l’Algérie se sont réunies pour contribuer à redorer l’image de l’agriculture et dire à la jeunesse africaine que leur avenir se trouve sous leurs pieds, dans leurs mains.
Les artistes participant sont : A.Y. et Diamond (Tanzanie) ; D’banj, Dontom , Femi Kuti , Kunle Ayo et Omawumi (Nigéria) ;  Bufallo Souljah (Zimbabwe) ; Dama Do Bling (Mozambique) ; Fally Ipupa( République Démocratique du Congo) ; Judith Sephuma et Vusi Nova (Afrique du Sud) ; Juliani , Liz Ogumbo et Victoria Kimani  (Kenya) ; Nancy G (Swaziland) ;  Tiken Jah Fakoly (Côte d'Ivoire) ; Rachid Taha (Algérie) et Wax Dey (Cameroun) 

 A travers cette chanson, les artistes font entendre leurs voix pour mobiliser les jeunes, les appeler à  rejoindre ONE.org et à soutenir la campagne « Do Agric » qui appelle les dirigeants africains à adopter de meilleures politiques agricoles qui permettront de créer des emplois pour les jeunes, d’apporter un meilleur soutien aux petits exploitants, de dynamiser la productivité, de diversifier la chaine de valeurs agricole et de contribuer à sortir des millions d’Africains de l’extrême pauvreté.
 La chanson « Cocoa ‘na chocolate » vise à montrer l’importance de l’agriculture tant pour l’avenir de l’Afrique que pour la lutte contre l’extrême pauvreté. L’exemple du cacao illustre un paradoxe : alors que des tonnes de fèves de cacao sont produites en Afrique, le chocolat y est vendu à un prix exorbitant. En effet, les fèves exportées pour transformation le sont à un prix insignifiant par rapport à celui du produit fini, le chocolat. Ce qui montre clairement que l’Afrique rate ainsi une opportunité économique clé, celle de la transformation et le marketing du produit fini. L’avenir de l’Afrique est donc dans l’agriculture. Une chaine de valeurs agricole prospère est un excellent moyen de créer des emplois et des opportunités entrepreneuriales viables, générer de meilleurs revenus pour les agriculteurs et atteindre une productivité efficace qui permettra de réduire les prix des denrées alimentaires.

Ces artistes populaires se sont engagés aux côtés de ONE.org, pour dire aux jeunes que non seulement l’agriculture est « tendance » mais que c’est aussi un bon moyen de gagner sa vie. Mais, en l’absence d’une volonté politique forte et du soutien du plus grand nombre de citoyens, la jeunesse africaine ne sera pas en mesure de jouir du potentiel de l’agriculture. C’est pour cette raison que ONE.org et les voix africaines les plus populaires s’associent pour dire aux dirigeants africains, aux investisseurs et aux jeunes « Do Agric, l’agriculture, ça paye. ».

 Dr Sipho S. Moyo, Directrice Afrique, ONE.org, déclare:
« Ces grands artistes sont des modèles pour les jeunes africains. Le fait qu’ils soutiennent l’agriculture lance un message puissant à ces jeunes. Il est temps que nos dirigeants investissent plus dans l’agriculture et mettent en place des politiques ciblées qui favorisent les petits exploitants qui produisent 80% de notre nourriture. L’augmentation des investissements publics permettra également de répondre au chômage des jeunes, d’encourager la participation du secteur privé et de déclencher le vaste potentiel économique du continent. Le continent a le potentiel de se nourrir, d’en finir avec l’extrême pauvreté et d’atteindre une transformation économique et sociale durable.
En effet, selon la FAO, la croissance agricole en Afrique subsaharienne contribue 11 fois plus à la réduction de la pauvreté que celle des secteurs non agricoles comme les services publics et le secteur minier. « Do Agric » est un mouvement qui vient de l’ensemble du continent pour appeler les gouvernements africains à respecter leur promesse d’allouer au moins 10% de leur budget national à l’agriculture à travers des investissements ciblés, une promesse faite à Maputo en 2003, et de le faire de manière transparente et redevable. Nous sommes fiers et privilégiés de collaborer avec un groupe d’individus si extraordinaires. Nous voulons passer le message qui souligne que l’Afrique peut non seulement se nourrir mais contribuer à nourrir le monde. »

 La superstar nigériane D’Banj de déclarer :
« En tant que musiciens africains, l’agriculture est la seule cause pour laquelle nous devons nous engager, tous ensemble, et je suis fier de dire que nous l’avons fait. Ici, au Nigéria, alors que le gagne-pain de 70% de la population dépend de l’agriculture, le budget fédéral alloué à l’agriculture est à la baisse, il est de seulement 1,7% aujourd’hui. C’est un problème très sérieux, surtout quand on sait que le Nigéria dépense, chaque année, des millions de nairas dans l’importation de denrées alimentaires.
 Il y a plusieurs années, la plupart des gens regardait les musiciens de haut car ils pensaient que la musique n’était pas rentable. Aujourd’hui les musiciens gagnent bien leur vie et sont respectés. De la même manière, l’agriculture a été identifiée comme une source d’emploi et je suis convaincu que les jeunes africains la voient maintenant non seulement comme tendance et rentable, mais aussi comme le moyen le plus rapide de créer des jobs et de nourrir nos familles.
 A travers cette chanson, nous demandons aux jeunes d’aller sur internet, de rejoindre ONE. org  et d’appeler nos dirigeants à agir et à augmenter leurs investissements dans l’agriculture. Et ce, pour que les jeunes aient plus de chance de réussir. »

« Cocoa ‘na Chocolate » a été coproduite par Cobhams Asuquo et DeeVee de DB Records. Godfather Productions a tourné le clip vidéo qui sortira le 3 avril. Les couplets ont été écrits par chaque artistes et le refrain par D’Banj. DKM Media et ONE sont partenaires dans ce projet. La chanson est disponible pour téléchargement gratuit sur ONE.org après que les internautes ont signé la pétition « Do Agric ».
 ONE remercie chaleureusement RFI et CFI pour leur soutien dans la promotion et la distribution de « Cocoa ‘na chocolate ». 




mercredi 12 mars 2014

LES VERROUS A L’ESSOR DE L’AGRICULTURE AU KIVU

Un champ situé dans un quartier périphérique de la ville de Beni. Photo: Fiston Mahamba Larousse



Le Kivu est cette vaste étendue constituée des provinces du Nord-Kivu, Sud Kivu et Maniema à l’est de la RDC. Avec une superficie vaste que le Rwanda et l’Ouganda, cette région dispose d’un potentiel agropastoral qui pourrait nourrir la région des Grands-Lacs, estiment les experts. Aujourd’hui cet activité reste encore plongée dans l’archaïsme et tarde à démarrer, pourtant elle constitue la principale activité de plus de 80% des habitants de la région.

Par Fiston Mahamba Larousse à Beni

"Depuis peu de temps, je me suis décidé de me lancer dans #l’agriblog. Cela est surtout dit à la participation de mon blog au concours du meilleur blog agricole, organisé cet année par le #CTA. Retrouvez désormais sur mon blog des articles relatifs à ce secteur."

Il est périlleux de parler du développement dans la partie Est de la RDC, notamment le Kivu sans pour autant songer au secteur agricole. Plusieurs facteurs sont à la base de cette inertie de l’agriculture. Voici quelques entraves à l’essor de l’Agriculture :

1. Faible investissement de l’État dans le secteur agricol : L’Etat Congolais qui a toujours déclaré avoir classé l’agriculture parmi ses priorités ne fournit pas d’efforts pour honorer cette parole. En jetant un coup d’œil sur le budget national, il est constaté que la part alloué à l’agriculture ne peut répondre à ces énormes besoins du domaine agricole vus les défis à relever ;

2. Les routes de desserte agricole sont en délabrement avancé : Plusieurs centres de production sont situés à l’intérieur du territoire. Ici, les routes sont impraticables. Les paysans qui produisent peu suite au manque d’encadrement sont encore une fois confrontés au problème d’évacuation de leurs produits. Par exemple en territoire de Beni, plus de 73% de routes de desserte agricole sont en état d’abandon ;

3. La régulation du marché non contrôlée : Les paysans qui parviennent à atteindre les marchés se trouvent face à une imposition de prix. Le service de l’économie n’intervient pas dans la fixation de prix des denrées alimentaires. Seuls les commerçants provenant de villes vers les centres de ravitaillement ont ce monopole sur le prix ;

4. Manque d’encadrement technique : Les cultivateurs continuent à cultiver et à pratiquer l’élevage en utilisant des semences et des races malades. La sélection des variétés végétales et animales améliorées est un privilège que seule les ONG ou des exploitants agricoles nantis peuvent s’offrir pour un meilleur rendement ;

5. La mauvaise répartition des terres agricoles : En parcourant cette zone, vous contemplerez des jolies prairies. Ici, une chose va vous étonner : « sur un espace de plus de 10 kilomètres carrés, moins de 100 chèvres ou vaches y sont élevées » cela réduit par conséquent, l’espace consacré à la culture,...

D’autres facteurs sont aussi à la base de cette stagnation, nous ne nous sommes pas limité à énumérer ces problèmes, dans notre prochaine publication, retrouvez quelques alternatives à ces goulots d’étranglement.
                                                    A SUIVRE

jeudi 6 mars 2014

OMAR KAVOTA, HAUT-PARLEUR DE SANS VOIX

Omar Kavota, vice-président et porte-parole de la société civile du Nord-Kivu. Photo : Fiston Mahamba


Chaque matin Omar Kavota , un jeune défenseur de droits de l’homme vivant en ville de Béni au Nord-Kivu se voit réveillé par un téléphone qui sonne. Il reconnait. Cela doit être un appel émanant de ses informateurs soit celui provenant d’un media à la recherche d’une information.

Par Fiston Mahamba à Béni, Nord-Kivu

La trentaine révolue, Omar Kavota est aujourd’hui le vice-président et porte-parole de la société civile du Nord-Kivu à l’est de la RDC. Il milite dans cette structure de forces vives depuis plus de dix ans. Ce qui l’a motivé à entreprendre sa lutte au sein de ce groupe c’est l’injustice qu’il a constaté dans ce pays de Lumumba.


Passer en action
 

La lutte d’Omar ne se limite pas aux simples dénonciations. Il a pendant plusieurs fois, de concert avec la société civile initié des actions de grande envergure. Des marches de colère, des marches pacifiques, des journées ville morte, des sit in qui ont parfois amené à des actions concrètes de la part des décideurs. Ces mêmes initiatives ont aidé à stopper les invasions par des groupes rebelles des villes de Béni, Butembo, Lubero,… pendant la période de la guerre en RDC.


À la veille de la chute de la ville de Goma entre les mains des rebelles du mouvement du 23 mars, M23 en novembre 2012, Omar Kavota initie l’opération « J’aime ma patrie » à laquelle s’était joint la société civile. Cette opération qui ne devrait que couvrir le Nord-Kivu s’étendu sur tout le territoire de la RDC. Elle va même jusqu'à atteindre la diaspora congolaise. « J’aime ma patrie » consiste à récolter un dollar américain par congolais pour barrer la route à la  balkanisation du pays. Une fois récolté, cet argent doit servir au ravitaillement des forces armées de la RDC, FARDC qui sont au front dans le territoire de Rutsuru contre les rebelles du M23. « Cet opération avait connu un engouement de la population congolaise, mais depuis sa clôture ni Omar Kavota, ni la société civile, personne ne nous a livré une information sur la somme récoltée et cet argent n’est jamais parvenu aux bénéficiaires qui sont au front » s’exclame sous anonymat un jeune étudiant de l’université officielle de Semuliki.

Mais où est passé cet argent? Maitre Omar Kavota répond « L’argent récolté reste toujours dans le compte bancaire ouvert pour la cause, toute personne intéressée peut nous contacter et aura des informations sur ces fonds ». Il poursuit en disant que cet argent doit atteindre ces militaires et que les démarches sont en cours avec le commandement de l’armée pour que cette action soit menée. 

Réservoir et source d’informations


Suite à sa présence dans toutes les contrées de la région, la société civile est devenue au cours des années une importante banque des données sur la situation de droits de l’homme. Entretemps Omar Kavota est passé du poste de président de cette structure en territoire de Béni à celui de vice-président et porte-parole de la même structure en province du Nord-Kivu. Dès ce jour, ce dernier est devenu une source d’informations où viennent puiser les medias tant locaux, nationaux qu’internationaux sans oublier les ONG intervenant dans ce domaine et plusieurs autres chercheurs. Omar Kavota exploite cette opportunité. Il profite de la tribune que lui offrent les médias pour dénoncer. Cela lui crée plus d’amis mais aussi d’ennemis. Il sera plusieurs fois interpellé et critiqué par ceux qui se sentaient humilier par ses déclarations. Il ne lâche pas, pour lui la lutte doit continuer. Le mauvais moment pour lui c’est quand son téléphone portable n’a plus d’énergie, Béni étant une ville non encore électrifiée. 
Omar Kavota en veste sur la photo reçoit chez lui le journaliste de la voix de l’Amérique Nicolas Pinault accompagné de Kudra Maliro, un journaliste reporter de Béni. Photo : Fiston Mahamba
  

À la recherche de l’asile ou de l’électorat ? 


Pour ses détracteurs, Omar Kavota milite et dénonce sans peur avec un double objectif : 

1. La recherche de l’asile dans un pays étranger si une fois des menaces lui provenaient de certains auteurs des crimes qu’il dénonce. 

2. D’autres avancent que le deuxième objectif poursuivi par ce défenseur de droits humains est la recherche d’un électorat. « A l’instar d’autres membres de la société civile, qui lors de dernières élections en RDC se sont portés candidats aux législatives, Omar Kavota veut consolider sa base enfin de postuler aux prochaines élections », disent-ils. En réponse à ces allégations, Maitre Omar Kavota dit n’avoir pas en lui une vision politique. Pour lui si cela était son ambition, il aurait dû suivre les sciences politiques à l’université à la place du droit qu’il a embrasser pendant son cursus universitaire en vue de mieux connaitre les droits et devoirs du citoyen enfin de mieux les défendre.

Même un trophée 
 

Ses admirateurs se disent indignés du fait que cet homme qui sacrifie toutes ses activités pour une cause noble ne soit pas reconnu par les grandes organisations pour pouvoir être primé d’une reconnaissance internationale. Matthieu Katsuva, un jeune journaliste à la radio Ngoma Fm, une radio communautaire émettant à Béni dit saluer la bravoure d’Omar Kavota. Lui résume ses points de vue sur cet homme en ces termes « Des toutes les façons le travail que Maitre Omar Kavota réalise pour le peuple congolais en général et celui du Nord-Kivu en particulier nécessite un encouragement qui pourrait l’élever au rang de héros vivant de la démocratie dans la région. Pour moi, cet homme mérite un prix Nobel de la paix à l’instar de grands hommes politiques Africains à qui l’on décerne parfois ce prix sans grande réalisation de leur part ». Ce jeune journaliste dit craindre personnellement pour la sécurité de ce denonciateur, « Omar Kavota mérite une protection particulière de la part du gouvernement congolais car il n’est pas vu d’un bon œil par ceux-là dont il dénonce les exactions ». Matthieu Katsuva chute en adressant un message ambitieux à Omar Kavota « Je demanderai à Maitre Omar Kavota de chaque fois animer deux conférences par mois à l’endroit du public. Cela permettrai à l’opinion publique de mieux le découvrir et de lui poser directement les questions qu’elle se  pose sur sa personne ».
Tout au long de la journée Omar Kavota partage son temps entre deux activités : rechercher auprès de ses collègues les informations sur les exactions commises contre les droits humains et en alerter l’opinion tant locale, nationale qu’internationale. Ainsi se termine une journée trop surchargée qui parfois chute par la rédaction des rapports de ses différentes activités. Parfois Omar voit son sommeil interrompu par un coup de fil qui lui annonce une nouvelle. Ici c’est soit un informateur soit un journaliste car son numéro de téléphone ne peut jamais manquer dans un carnet d’adresse de tout journaliste averti qui s’intéresse à la province du Nord-Kivu voire à la région de Grands-Lacs.

Faut-il abandonner ?

Tout au début de sa lutte, Omar Kavota dit qu’il avait voulu pendant plusieurs fois renoncer à son engagement car « notre travail consiste à dénoncer toute violation de droit de l’homme, quelque soit son auteur ». Une mission que d’aucun ne pourrait assumer dans cette partie du pays où ces violations sont  perpétrées de la part de groupes armés voire du coté  gouvernement congolais comme des attaques ciblées de domiciles, les violences sexuelles faites à l’endroit de femmes et filles, les détournements de fonds du trésor public, les enlèvements qui sont devenus une autre arme de guerre des groupes armés opérant en territoire de Béni comme celui enregistré en date du 19 avril dernier 2013, où plus de trente civils ont été enlevés à Mamunidioma, localité située à plus ou moins cinquante kilomètres au nord-est de Béni. Omar a dû surmonter cette crainte et cela suite aux encouragements de ses confrères. À cette crainte s’ajoutait les reproches dont il faisait l’objet de la part des membres de sa famille. Ces derniers se disaient craindre pour leur sécurité car ils pouvaient faire l’objet des représailles de la part de ceux qui seront touchés par les dénonciations d’Omar. Malgré cela, ce dernier reste déterminé. Il a une idée en tête « Si nous nous taisons, nous participons d’une manière indirecte à ces crimes ».
À cette époque, la société civile n’était qu’au début de ses actions dans cette partie de l’est du Congo en proie à l’insécurité et tout son lot. Omar et ses collègues ont contribué à son élargissement dans tous les coins de la région. L’objectif visé ici étant de recueillir toutes les informations sur les abus commis contre les droits humains.

=======> Cet article je l'ai écrit en 2013 pour le compte du concours Soleils Inconnus de la Radio Netherlands Worldwide